La grande procession de Punakha

Au début de l’année 1639, une armée venue du Tibet avait franchi les cols, encore pris par les neiges, pour s’emparer à Punakha de la plus précieuse des reliques, le Ranjung Karsapani, que Ngawang Namgyal, le chef spirituel et temporel du Bhoutan avait rapportée du Tibet. Leur tentative se solda par un échec cuisant et les Bhoutanais commémorent chaque année par une grande fête, fixée au premier mois de l’année lunaire, cet épisode glorieux de leur histoire. Le grand dzong ou monastère forteresse de Punakha accueille pendant deux semaines une succession ininterrompue de prières, cérémonies et danses. Point culminant des festivités, la Serda, la grande procession, rassemble les moines revêtus de leurs plus riches atours et 136 soldats ou pazaps bardés d’arcs, d’épées et de boucliers, qui incarnent l’armée du père fondateur du Bhoutan en lutte contre les envahisseurs. Les ultimes jours de la fête sont consacrés aux cérémonies et aux danses en l’honneur de Mahakala, la divinité protectrice du Bhoutan. Les moines déroulent une immense thangka de brocart, haute de 30 m, supposée laver les fidèles de leurs fautes passées et les mener à l’éveil.La cour du monastère, elle, se transforme en un théâtre, où se joue l’éternel combat entre le bien et le mal, les héros et les démons…