La grande migration des rennes

Plus nombreux en Norvège que dans les autres pays scandinaves, les sames sont  principalement regroupés autour des agglomérations de Kautokeino  et Karasjok dont l’économie repose sur l’élevage du renne. Aujourd’hui semi nomades, ils vivent pour beaucoup d’entre eux encore au rythme des grandes transhumances. La migration vers le nord a lieu fin avril, début mai avant le dégel qui transforme le plateau du Finnmark en un immense marécage infesté de moustiques. Pendant l’été, le bétail profite abondamment des riches pâturages qui bordent l’océan glacial arctique. Aux premiers signes de l’automne, toujours précoce sous ces latitudes, les troupeaux prennent enfin le chemin du retour encadrés par les bergers qui ont alors troqué leurs scooters de neiges pour des motos tout terrain.

Ce sont les femelles qui au  printemps donnent le signal du départ : Les nuées de moustiques  mettraient en péril leur progéniture. Depuis des temps immémoriaux, elles remontent instinctivement  vers le nord et la mer, où elles trouveront une meilleure nourriture et des conditions plus favorables pour mettre bas. Très affaibli par le long hiver, le troupeau avance en moyenne de 20 kms par jour. Les rennes doivent sans cesse gratter la neige pour trouver le lichen qui leur sert de nourriture. Leur progression est fréquemment ralentie par des pluies verglassantes ou des tempêtes de neige qui forment une épaisse couche difficile à percer. Ils mettront près d’une semaine pour parcourir de 150 à 200  kms, traverser les hauts plateaux du Finnmark et les montagnes jusqu’à la mer, où les attend le bateau qui doit les conduire à leurs pâturages d’été.

Véritables cow-boys du Grand Nord, les sames se relaient  en permanence de jour comme de nuit sur leurs scooters des neiges progressant au rythme du troupeau. Le soleil, lui, ne se couche plus, bousculant tout repère et toute notion du temps…